Des fleurs et du soufre dans la baie de Naples / Flowers and sulfur in Naples
Opéra de Naples, Nathalie Schon, 2011
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Il en va de Pompéi comme de certaines relations humaines. La destruction semble être le moteur de leur exemplarité. Tout comme l’éruption d’un volcan est inévitable et impitoyable, le sabordage d’un lien peut s’avérer inexorable, inexorable car dicté par le poids d’une culpabilité ancestrale qu’il s’agit d’expier. Tous coupables, de la chute du paradis jusqu’aux petits et grands crimes de notre quotidien, réels ou imaginaires, nous supportons plus ou moins bien cette charge. Nous fustigeant nous en oublions pourtant l’essentiel, à qui profite non pas le crime mais la punition ? A personne. Tout comme Pompéi a sombré inutilement, ne rachetant rien, nous détruisons pour détruire. Qu’en est-il de réparer ? Impossible ! hurlent mille voix.
Trop tard ! ajoutent d’autres. Notre société ne répare pas, elle gère les culpabilités. Cela ne fait-il pas vendre des magasines de psychologie à peine lus dans un cabinet dentaire ? Que signifie réparer au fond ? Plus personne ne se pose la question. Les Germains pratiquaient la loi du dédommagement, bien moins cynique et anarchique qu’il n’y paraît. En effet, la famille, le clan lésé était libre de pardonner la faute commise en échange d’un dédommagement qu’elle jugeait juste et équitable. Malheureusement la notion de punition a
pris le pas sur celle de réparation. Comment dédommager les morts objecteront certains ? N’interprétons-nous pas déjà trop facilement leurs volontés ? Bien au contraire, nous nous y refusons car cela nous délesterait peut-être d’une faute à laquelle nous nous sommes habitués. Il faudrait peut-être entendre que cette punition ne plait pas aux morts et s’en délester, se sentir nu… et s’atteler à la dure tache de réparer, tache o combien plus difficile! Etre malheureux est finalement plus facile à réaliser et à entretenir qu’être heureux.
Ensevelis sous la cendre pompéienne nous sommes au chaud et les muscles du bonheur s’atrophient. Les morts restent ainsi figés dans la lave et rien ne les libérera tant que l’homme les enfermera dans un mausolée dont ils n’ont jamais voulu.
Solfatara, près du Vésuve, Nathalie Schon, 2011
Solfatara, près du Vésuve, Nathalie Schon, 2011
Solfatara, près du Vésuve, Nathalie Schon, 2011
Très belle photo Nath !
Gros bisous
Merci Cath !!